La politique de l’Allemagne vis-à-vis de la Grèce est difficile à décrypter. D’un côté, elle la soutient, de l’autre, elle rechigne à l’aider financièrement. Comment expliquer cette ambiguïté ?>
Le manque de cohérence de la position allemande vient de la conjonction de deux approches. L’une vise à actionner tous les leviers économiques et politiques européens pour pousser la Grèce à une réforme en profondeur de son ossature économique et politique. Sans changement de culture, pas de salut possible pour la Grèce dans la zone euro, ni d’évolution positive de la zone euro avec la Grèce. L’autre approche tourne autour du degré de rigueur qu’un pays peut supporter sans qu’il plonge dans une spirale récessionniste ruinant toute perspective de réduction de sa dette. Or la position allemande est beaucoup plus rigoriste que celle de nombre de ses partenaires. Berlin a imposé cette vision au plan européen en dépit des alertes du Premier ministre italien, Mario Monti. Pour le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble,sans une base de réformes structurelles indispensables pour recevoir un soutien accru de ses partenaire, la Grèce devient « un puits sans fond ». L’Allemagne demande donc à la Grèce un sursaut collectif pour créer en peu de temps un Etat efficace et moderne sans se préoccuper du réalisme d’une telle exigence.