Il y a des symboles qui devraient pousser la France à réfléchir. A l’heure ou le Nasdaq, le temple des valeurs high-tech américaines, renoue avec le niveau symbolique des 3.000 points qu’il n’avait plus atteint depuis l’éclatement de la bulle de l’an 2000, certains donneurs de leçons nous mettent en garde contre le retour des spéculateurs et des vendeurs d’éphémères rêves de papier. Plutôt que de critiquer le capitalisme américain, de mettre l’accent sur ses travers et ses excès, l’Hexagone ferait cependant mieux de s’inspirer que de se moquer de la vitalité de l’esprit d’entreprise et d’innovation made in America.
Depuis un peu plus de dix ans, les montagnes russes du Nasdaq ont incontestablement fait perdre de grosses poignées de dollars à bon nombre d’épargnants. L’indice américain qui avait dépassé les 5.000 points en 2000, ne valait plus qu’à peine 1.000 points à l’automne 2002. Mais, depuis, le Nasdaq a triplé de valeur et l’Amérique, quelles que soient les faiblesses de son modèle, s’est inventé un incroyable relais de croissance. Ce week-end, Apple, devenue première capitalisation boursière de la planète, a annoncé que les propriétaires d’iPhone, iPod et autres iPad avaient téléchargé en cumulé plus de 25 milliards d’applications via son AppStore. Wal-Mart, le géant américain de l’hypermarché, est certes déjà le premier distributeur de la planète, mais, dans le monde numérique qui se dessine, la boutique électronique d’Apple s’avère encore plus hégémonique. Wal-Mart domine une partie du monde. Apple est l’acteur majeur sur tous les continents. Facebook devrait, lui, franchir rapidement le cap du milliard d’utilisateurs. Près d’un terrien sur sept, communique régulièrement par l’intermédiaire de ce site, qui n’existait pas en 2000. Google, Amazon et d’autres acteurs américains affichent des performances tout aussi remarquables. Dopée à la technologie, l’Amérique s’est imposée dans le hard (les machines), comme dans le soft (les logiciels) ou les services. Tous les acteurs de la nouvelle vague tech ne tiendront pas leurs promesses, mais les introductions en Bourse se multiplient de l’autre côté de l’Atlantique alors qu’elles sont de plus en plus rares sur un Vieux Continent n’ayant jamais aussi bien porté son nom.
En campagne, la France a fait du sauvetage de son tissu industriel une priorité. L’intention est noble. Mais la France comme une Europe préoccupée par le sauvetage de la Grèce et de l’euro ne devrait pas perdre de vue qu’un continent ne peut pas se contenter de préserver son passé. Il doit aussi se donner les moyens de se construire un avenir.