Grèce: lancement officiel de l’appel d’offre pour l’effacement de 107 milliards d’euros de dette

 

 

 

 

La Grèce doit lancer officiellement vendredi l’appel d’offre pour l’effacement de 107 milliards d’euros de sa dette via l’échange des obligations détenues par les créanciers privés, au lendemain de l’adoption par le Parlement d’une loi fixant les modalités de cette opération.

Le but de l’opération est d’effacer 53,5% de la dette du pays détenue par des créanciers privés (banques, sociétés d’assurance ou fonds d’investissement), sur une dette totale de 350 milliards d’euros.

Le parlement grec a adopté jeudi en urgence le projet de loi qui va permettre de lancer l’effacement de 107 milliards d’euros de dette détenue par les créanciers privés du pays, une opération de restructuration à l’ampleur inédite dans l’histoire financière. L’issue du vote, intervenu vers 14h30 GMT, ne faisait guère de doute compte tenu de la large majorité formée par les députés des deux partis de la coalition gouvernementale, les socialistes du Pasok et les conservateurs de la Nouvelle Démocratie, soit 193 parlementaires sur un total de 300.

Le parti communiste (KKE), celui de la gauche radicale (Syriza) ainsi que le parti d’extrême droite (Laos) se sont prononcés contre le texte, qui “sera profitable aux banques et aux monopoles, pas à la population”, a dénoncé le député communiste Thanassis Pafilis.

Au cours des six heures de débat parlementaire qui ont précédé le vote, le ministre de Finances Evangélos Vénizelos avait appelé à “faire preuve d’union, de cohésion” et à se montrer “conséquent”, seule manière de “retrouver notre fierté et la confiance des marchés”.

 

Le texte de loi précise les termes de l’accord dit PSI, tiré de l’acronyme anglais “private sector involvement”, dont les modalités ont été fixées lors d’une réunion marathon dans la nuit de lundi à mardi à Bruxelles par les Etats de la zone euro.

Le lancement de l’offre d’échange devrait intervenir dès vendredi afin de “respecter les délais serrés et l’échéance des obligations de mars”, a annoncé M. Vénizelos.

Le but de l’opération est d’effacer 107 milliards d’euros, soit 53,5% de la partie de la dette du pays qui est aux mains des créanciers privés (banques, sociétés d’assurance ou fonds d’investissement), la totalité de la dette grecque s’élevant à 350 milliards d’euros. Le record était jusqu’ici détenu par l’Argentine, dont la dette atteignait 82 milliards de dollars (73 milliards d’euros environ au cours de l’époque) lorsqu’elle avait fait défaut, en janvier 2002.

Dans le cas de la Grèce, il ne s’agit pas d’un défaut mais d’une restructuration avec l’accord des créanciers du pays. Cette restructuration constitue l’une des deux composantes du plan de sauvetage record de la Grèce, la seconde étant un prêt de 130 milliards d’euros sur trois ans qui vient s’ajouter à celui de 110 milliards d’euros accordé par la zone euro et le FMI en 2010 et dont une partie a été déjà versée.

 

La loi PSI votée, le suspense réside désormais dans la proportion de détenteurs privés d’obligations grecques qui sont prêts à accepter une décote de 53,5% de leurs titres qui se soldera pour eux par une perte supérieure à 70% de leur valeur initiale.

La Grèce est entrée dans une course contre la montre afin d’éviter la faillite au 20 mars, date à laquelle le pays doit rembourser 14,5 milliards d’euros.

Les candidats volontaires pour l’échange de dette auront jusqu’au 9 mars pour se faire connaître et “l’opération elle-même devrait se dérouler d’ici le 12 mars pour les obligations de droit grec et début avril pour celles du droit anglais et japonais”, a précisé M. Vénizélos.

Comme il faut une semaine pour décaisser l’argent des obligations arrivant à échéance, c’est dès “le 14 mars que la Grèce fera face à des problèmes de liquidités”, si rien n’est mis en oeuvre avant, a prévenu le ministre. Le projet de loi institue la possibilité de déclencher des clauses d’action collective (CAC) pour contraindre les créanciers réticents à prendre part à l’opération d’échange.

L’agence de notation Fitch a estimé que cet effacement de dette constituera de toute façon une restructuration sous la contrainte et a baissé mercredi de deux crans la note de la dette à long terme de la Grèce à “C”, contre “CCC” auparavant.

Autre mauvaise nouvelle pour Athènes: le pays pourrait être frappé par une récession plus prononcée que prévu en 2012, soit -4,4%, contre un repli de 2,8% pronostiqué en novembre, selon les prévisions de la Commission européenne publiées jeudi. Le Premier ministre Lucas Papademos veut croire que les récentes décisions concernant la Grèce “et celles qui seront prises vont contribuer à la relance de l’économie grecque”.

 

La Grèce a jusqu’à fin février pour faire voter en un temps record des mesures d’économies avant tout versement du nouveau plan d’aide.

Les ministres des Finances de la zone euro prévoient une réunion le 1er mars, en amont d’un sommet de l’UE, pour faire le point sur les premières initiatives qui auront été prises par Athènes. “Au cours de cette semaine, la Grèce doit prouver sa détermination à effectuer tous les changements” nécessaires à la mise en oeuvre du plan de sauvetage, a insisté jeudi le porte-parole du gouvernement Pantelis Kapsis.

Au menu des parlementaires figurent notamment une réforme du système de santé abaissant les dépenses de plus d’un milliard d’euros en 2012, qui devrait être mise au vote mercredi prochain, et un texte sur un ensemble d’économies budgétaires qu’avaient exigées les créanciers du pays avant le déblocage de la nouvelle aide, qui doivent être votés mardi.