Les dirigeants européens espèrent que la crise est derrière eux.
Après le lancement du deuxième programme d’aide à la Grèce, les chefs d’Etat et de gouvernement vont profiter de l’accalmie sur le front de la crise de la dette souveraine, pour enfin discuter de la croissance et non plus d’austérité.
Pour une fois, le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement qui s’ouvre ce soir à Bruxelles n’est pas une réunion de crise, ont souligné hier les diplomates de tout bord. Tour d’horizon économique pour tenter de se concentrer désormais sur des mesures de croissance après avoir donné la priorité à la discipline budgétaire incarnée par la signature demain matin du nouveau traité de discipline budgétaire, et passage en revue des questions de politique étrangère : l’agenda reprend des allures du train-train d’avant-crise, se félicitait hier la présidence du Conseil européen.
L’accalmie qui règne sur les marchés apporte aux dirigeants européens un certain répit. Ni ce soir ni demain, les chefs d’Etat et de gouvernement n’auront besoin d’ouvrir à nouveau leur chéquier. Le deuxième plan d’aide à la Grèce vient d’être lancé. Cet après-midi, les ministres des Finances de la zone euro examineront l’ensemble des mesures adoptées par le Parlement grec pour répondre aux exigences de ses créanciers. Hier, le Premier ministre grec, Lucas Papadémos, a rencontré à Bruxelles le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui l’a assuré de son intention de renforcer les moyens de la « task force européenne » présente à Athènes, mais lui a promis dans le même temps de ne pas nommer un commissaire spécial à la Grèce, réclamé par certains pays.Le président de l’Eurogroupe a assuré par ailleurs qu’Athènes pourrait toucher la première tranche du nouveau plan d’ici le 20 mars.
Davantage de convergence fiscale
Quant à la décision sur le relèvement du plafond de 500 milliards d’euros pour le Mécanisme européen de stabilité (MES) qui doit succéder à partir de juillet au Fonds européen de stabilité financière (FESF), elle a été reportée à plus tard dans le mois de mars, l’Allemagne n’étant « pas prête » à franchir ce nouveau pas, selon une source européenne. Pour la chancelière Angela Merkel, qui vient d’obtenir non sans mal le feu vert du Bundestag au plan d’aide à la Grèce, ce renforcement du pare-feu n’est pas justifié au vu de la stabilisation des marchés financiers. Méthodique, elle préfère attendre les résultats de l’échange de dettes du secteur privé en Grèce pour se prononcer. Comme l’a reconnu hier le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, ce débat sur le MES est désormais moins dicté par les marchés que par les réclamations « peu diplomatiques » des partenaires non européens (Chine, Etats-Unis, etc.) de la zone euro, qui en font une condition de leur participation à un renflouement du FMI. Toutefois, Jean-Claude Juncker s’est prononcé pour un renforcement maximal du MES, en reprenant la proposition allemande de verser le capital du fonds en deux ans au lieu de cinq et en reprenant la proposition française de transférer les garanties non utilisées du FESF (soit un potentiel de 250 milliards d’euros) vers le MES, augmentant d’autant sa puissance de feu. La France hésite à accepter le versement accéléré du capital tandis que l’Allemagne ne se sent pas prête à réclamer plus à son Parlement. Le débat n’est donc pas mûr, mais il devra être tranché avant la prochaine réunion du G20 d’avril et pourrait faire l’objet d’un sommet de la zone euro fin mars.
D’ici là, les dirigeants européens vont examiner les possibilités d’atténuer les mesures d’austérité par un programme de croissance. En janvier, la France et l’Allemagne plaidait pour davantage de convergence fiscale, et à présent la Grande-Bretagne a rallié 12 Etats autour de ses propositions. Mais la vraie question va être posée par l’Espagne, qui demande un assouplissement de ses objectifs de réduction de déficit public en 2012. A 4,4 % contre 8,51 % en 2011, l’effort réclamé risque de la mettre à genoux. Un cas d’école qui sera âprement débattu dans les mois à venir.